mardi 19 septembre 2006

Voyage au Pérou

PREMIERS ECHOS DU VOYAGE AU PEROU …

Sans sacrifier « les désormais traditionnelles et prestigieuses incursions népalaises (prochain départ annoncé pour l’automne 2007 – voir programme) l’ARASPAL proposait en 2006 un voyage au PEROU dans le style « aventure à la portée de tous », harmonieuse alchimie de culture, de trek et de fantaisie…

Ce périple inédit a été préparé par Philippe (un compatriote exilé à CUZCO) et conduit localement par Edgar, un vrai « pro » alliant toujours l’exposé documenté et l’anecdote adéquate. Tout en nuance chez ce quechua « pur porc » (ou plus exactement pur cochon dinde ! ! !). A peine débarqués dans la capitale péruvienne nous filons plein Sud par la panaméricaine qui longe le désert côtier enveloppé dans une brume persistante pour atteindre PARACAS ; là un frêle esquif emporte nos 25 aventuriers picards (d’adoption pour certains !) à la découverte du « candélabre » et des îles BALLESTAS, avec sa multitude de volatiles divers (cormorans, pélicans) qui cohabitent avec lions de mer et otaries.

Après cette mini-croisière ; sans désemparer, nous embarquons dans des petits « coucous » pour survoler les mystérieuses « lignes de NASCA », formant, sur le sol sablonneux des dessins géométriques représentant tout un bestiaire réalisé par une civilisation à peine identifiée et venue du fond des âges… Vite, un « pisco » pour nous remettre de ces premières émotions, « il s’agit d’un alcool rugueux assimilable à un marc de raisin).

En route pour AREQUIPA… après un long trajet routier avec vue sur le pacifique, nous atteignons « la ville blanche, typiquement coloniale, ville commerçante (alpaga) au pied du volcan « Misti », mais également cité fervente, on se souviendra de l’imposant monastère « Santa Catalina » qui a accueilli jusqu’au 19ème siècle, les dominicaines dans des conditions, il est vrai, assez éloignées des règles originelles…

Nous parcourons alors l’altiplano (hautes terres entre cordillère et côte qui offre un somptueux paysage de canyons aux couleurs chatoyantes sublimées par un soleil généreux. Avec le lac TITICACA, voici un autre site naturel et incomparable ; la plus vaste zone lacustre de la planète à 3 812 m d’altitude ! (certaines en ont fait la douloureuse expérience… Merci la merveilleuse petite bombe de TONTON EDGAR ! !
Sur cette véritable mer intérieure, nous naviguons vers de curieux « radeaux » constitués par une accumulation de roseaux savamment positionnée où vivent ( ?) des familles UROS.
Après une nuit incroyablement étoilée au bord du lac, chez l’habitant où la qualité de l’accueil (et l’exotisme !) sont notoirement appréciés, nous parcourons l’île de TAQUILE, réellement attachante par son authenticité, son originalité… qu’il est loin le monde moderne ! ! même la police n’a pas le droit de cité ici ! ! !

Avec CUSCO, l’ancien « nombril du monde », nous parvenons directement sur les traces du prodigieux empire Incas ; des moments intenses et riches en émotion devant ce mythe… Nous découvrons partout l’empreinte, les jalons de l’humanité en marche » avec intra muros, quelques monuments exceptionnels édifiés lors de l’occupation espagnole (cathédrale, la Merced, le monastère San Domingo) avec les sites précolombiens de Saqsaywam dont les vestiges colossaux surplombent la ville, décors légendaires et suggestifs pour « la fête de l’Inca », l’Inti Raymi organisée chaque année en juin, en présence d’une foule galvanisée dans un même élan cosmique.

Les visites passionnantes s’enchaînent avec la forteresse de Puka Pukara et la fontaine sacrée de Tombo Machay..
Le site archéologique de Pissac nous offre l’insigne opportunité d’approcher les vestiges de diverses constructions audacieusement positionnées à flanc de montage (temple de la lune, temple du soleil…) La descente pédestre au fil des terrasses aux longues courbes gracieuses et des murailles aux énormes pierres ajustées permet d’atteindre le village actuel et son pittoresque marché où chacun a pû négocier parfois avec succès mais toujours avec conviction l’achat de divers produits de l’artisanat indigène.
Après une halte dans une ancienne hacienda reconvertie en luxueux palace, nous engageons avec détermination, le trekking pour un itinéraire sauvage des sentiers aux altitudes très flatteuses (4200m) et certains passages vertigineux surplombant « la vallée sacrée des Incas ». Irriguée par l’Urubamda et dominée par les sommets enneigés de la Cordillère.
Pas d’incident notable à déplorer durant cette phase « athlétique » ; le groupe s’étire en une longue colonne mais se regroupe régulièrement autour des panoramas ou des buffets très copieux servis avec tact par une équipe logistique performante usant, dans cet environnement spécifique, du recours aux chevaux et aux mules.
Ah, une avarie vient de se produire dans un défilé abrupt… une des sandales qu’Alain préservait jalousement jusqu’alors vient de rendre l’âme… pas de panique, au prix d’une ingénieuse réparation, il parviendra à rejoindre l’étape du soir…

Huchuyqosqo, étape typique dans une ferme andine à proximité d’un site Inca et d’animaux divers… petite veillée improvisée autour d’un feu de camp… quelques chansons et danses plus ou moins locales… Bref, toujours l’ambiance sympatique, conviviale et détendue… Laquelle le sera moins dans le groupe qui supportera, cette nuit-là, les ronflements persistants de Daniel dont le one man show de l’appendice nasal n’aura rien à envier au décollage d’un airbus… Heureusement la poursuite de nos pérégrinations parmi ces merveilleux paysages ponctués de belvédères, de lacs, de vestiges, bref de spectacles sublimes irradiés par le dieu soleil (ne l’oublions pas, nous sommes ici chez son fils ! !) nous a fait rapidement oublier ces mélodies nocturnes syncopées…

Chincheros nous laissera également un souvenir impérissable pour la beauté de son site, de son église, de son horizon montagneux et pour la réception chaleureuse organisée dans la chambre bar-karaoké de Mimille – exit « les années 60 » ; nous revenons quelques siècles plus tôt pour rejoindre Moray où les Incas, mettant à profit le relief de dolines, érigent des terrasses concentriques pour expérimenter de nouvelles variétés de maïs et en sélectionner certains mieux adaptés aux altitudes élevées. Tombés par la suite en désuétude, ces véritables amphithéâtres étaient parfois utilisés par l’occupant espagnol pour l’organisation des corridas (autres temps, autres mœurs).

Nous arrivons sur le sentier panoramique qui livre de superbes vues sur « un glacier ». En fait, nous approchons des salines de Maras, nous terminerons cette belle matinée en longeant ces milliers de puits de sel datant de l’époque incaïque et toujours exploités de nos jours.

Après avoir frôlé l’indigestion lors de la halte méridienne particulièrement achalandée, nous partons à l’assaut de la forteresse de Ollantaytambo qui surplombe un village préservé et constamment habité depuis le XIIIe siècle, centre agricole majeur grâce aux terres riches, fertilisées par les eaux de l’Irubamba..

L’acropole sommitale était encore en construction à l’arrivée des conquistadors. Ces derniers se heurtèrent à une résistance vigoureuse de la garnison Inca, particulièrement protégée par les terrasses escarpées et les murailles cyclopéennes.

Petit intermède délassant après ce « raid commando » dans l’impressionnante nature andine, nous empruntons le célèbre train bleu pour « touristes pressés » qui dessert Machu Picchu depuis Cusco. Repos bienfaisant certes, mais si bref… à peine estompées les rumeurs de la pittoresque gare de Ollantaytambo et après quelques panoramas rafraîchissants sur les tumultueuses et verdoyantes eaux du Rio Urubamba, le célèbre tortillard stoppe. Nous sommes au Km 104. Nous reprenons le sac à dos… Après avoir traversé la rivière nous rejoignons le « chemin de l’Inca », itinéraire taillé dans le flanc de la montagne, serpentant dans la forêt et parfaitement balisé par les Incas pour relier la vallée sacrée à Machu Picchu.

Ainsi commence notre expérience mystique tout au long de ce sentier de randonnée, sans doute le plus célèbre de l’Amérique du Sud, qui par l’imposante citadelle de Huihay Huayna et Inti Punka (la porte du Soleil), nous permet d’atteindre sur son pic isolé, le prodige des prodiges, le Machu Picchu, suspendu entre terre et ciel entre brumes déchirées et soleil d’altitude…

Laissons passer une nuit salvatrice à Aguas Calientes pour digérer ce choc fantastique et préparer la visite complète de ce site magique ; après l’intervention des cantonniers locaux dépêchés sur la seule voie d’accès pour procéder à l’enlèvement d’un énorme rocher détaché de la paroi (cet éboulement malencontreux résulterait-il d’un de ces détonnants éternuements de notre truculent Vincent). Beaucoup d’émotions voire de bonheur pour notre groupe qui pénètre dans « le périmètre sacré » inscrit dans ce sublime décor qui lui sert d’écrin.

Ce site si mythique, si spectaculaire resté enfoui dans l’abondante végétation tropicale depuis près de 5 siècles était découvert en 1911 par un archéologue américain. Malgré les nombreuses études et recherches effectuées, les hypothèses et conjectures s’avèrent multiples, diverses et parfois contradictoires quant à sa véritable fonction.

Peu importe pour nous, les profanes, nous y constatons une implantation importante avec de nombreux édifices aux ornementations remarquables, le tout procédant d'une technique particulièrement aboutie et témoignant de la présence d’une cité religieuse et cérémonielle d’importance majeure.

Pour nous Touristes subjugués mais encore curieux, même si nous nous égarons quelque peu dans ce dédale de vestiges impressionnants, nous retiendrons, avec le secours précieux de nos innombrables clichés, certains repères désormais indélébiles :

- le temple du condor (rappelons nous la trilogie inca « condor-puma-serpent ») Il symbolise le monde des Dieux. Nous admirons l’étonnante tête du rapace emblématique, qui se tient devant des rochers naturels évoquant ses ailes déployées !
le temple du Soleil (torreon) qui est le seul édifice rond et en contrebas duquel Edgar nous désigne « le tombeau des Incas », une excavation où a été aménagé un autel en forme d’escalier
- la place sacrée dominé par le temple aux 3 fenêtres
- L’Inti Huatawa, principal sanctuaire érigé sur une petite éminence que tout le monde a photographié (sauf Martine ! !) et présentant un simple cylindre sculpté dans la roche. Les experts présument qu’il servait aux prêtres incas pour prédire les rotations solaires.

Enfin, les plus courageux et ils seront les plus nombreux escaladeront gaillardement les pentes vertigineuses du Wayna Picchu, au sommet duquel ils pourront embrasser un panorama d’ensemble sur la citadelle.
L’élixir généreusement distribué par notre ami Gégé dans le train des Andes qui nous rapatriait sur Cuzco nous permet d’atterrir en douceur. Machu Picchu laissera a tout un chacun un souvenir impérissable.

Cette journée dominicale à Cuzco nous invite à poursuivre la visite de cette cité à nulle autre pareille. Nous profitons, entr’autre de la parade militaire qui favorise l’animation autour de la place d’armes. Par ailleurs, chacun peaufine ses derniers achats en mettant à profit sa technique du marchandage (pour cette activité, Marie a incontestablement mérité la palme d’Or ! ! ).

En un coup d’aile, nous envahissons la capitale. Première vue, Lima nous déconcerte quelque peu. Elle présente les caractéristiques récurrentes des grandes métropoles modernes : vie trépidante, nuisances sonores, modes de vie standardisés. Elle recèle bien sûr des Trésors et des curiosités de toute nature et de premier ordre : cathédrale, édifices conventuels (San Francisco, santo Domingo) demeures coloniales, musées… Dommage, le timing étriqué ne nous laisse pas la possibilité d’apprécier l’ensemble de ces centres d’intérêt majeurs.

Nous nous consolons en sirotant un emblématique « Pisco Sour » attablés au bar du légendaire Hôtel Bolivar qui borde la monumentale place San Martin commémorant l’indépendance du Pérou.
Il est déjà l’heure de regagner l’hôtel, très facile.. nous empruntons la voie commerçante ; Jiron de la Union qui relie San Martin à la plaza Mayor. Merci à Philippe d’avoir retenu pour l’Araspal un établissement situé dans l’Hyper centre historique où sont regroupés la plupart des édifices érigés au cours de l’occupation espagnole.

Baignés de tant de spiritualité, entretenus dans cette piété ostentatoire ressentie dans les édifices religieux visités au cours de notre superbe périple, nous nous devions de terminer notre circuit par un repas péruvien dans un contexte idoine : fort opportunément, Edgar nous pilotait vers un établissement tenu avec rigueur et grand soin par quelques sœurs missionnaires qui nous réservaient un accueil chaleureux. Après un agréable repas servi, le cadre aidant, dans une ambiance mi recueillie, mi conviviale, quelques uns les plus téméraires entonnaient des cantiques de circonstance repris par toute l’assemblée des fidèles dans une réelle communion (à l’exception toutefois de quelques mécréants dont je tairai ici l’identité, qui s’ingéniaient à la pratique du play back ! !)

Une quinzaine s’était déjà écoulée depuis notre arrivée dans « le nouveau monde ». Nous voilà bien plus riches d’images, d’odeurs, de couleurs, d’émotions….

Nous avons vécu une aventure authentique dans une saine ambiance, au sein d’un groupe magnifique, solidaire et généreux, artisan rédhibitoire du succès total.

Merci à l’ARASPAL, à Philippe, à Edgar, bravo à toutes et à tous pour ces merveilleux moments, pour cette expérience ineffable.

Pour en terminer, permettez moi de livrer à votre réflexion ces quelques vers du poète chilien Pablo NERUDA qui, me semble-t-il, pourraient éclairer certaines de vos options futures :

« Il meurt lentement celui qui ne voyage pas,
Il meurt lentement celui qui devient esclave de ses habitudes,
Il meurt lentement celui qui ne change pas de cap,
Celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves. »


Jean-Pierre SARAZIN
Alias Mimille le Trekkeur



La cordillère des andes


La panaméricane

Les lamas Les salines
Le Machu Picchu

Arequipa Cusco
Une enfant
Des enfants - île de Taquilé
île de Taquilé